Il y a des villes dont l’histoire côtoie souvent la lEgende : cela tient moins à l’imagination des chroniqueurs qu’à la dimension des personnages et des EvEnements qui l’ont constituEe ; ainsi en est-il de Loches, dont les origines demeurent mystErieuses, ” faute de documents historiques “, même si l’on sait que les Celtes et les Romains ” s’y sont rencontrEs ” et que saint Ours, patron de la citE, en Etablit un à Loches (Lucas) à la fin du Ve siècle. SituEe dans un lieu stratEgique, longtemps comprise dans le royaume d’Aquitaine et possession, à partir de 879, des comtes d’Anjou, la ville acquit très vite une singulière importance : l’Erection de sa citadelle, qui ne fera que s’agrandir au fil du temps malgrE les guerres – la citE est brà»lEe en 1419 – en est le tEmoignage le plus manifeste. CommencEe par les hEritiers de Foulques le Roux, elle fut sans doute EdifiEe pour l’essentiel par Foulques-Nerra (XIe siècle). Quant à l’Eglise collEgiale, ” l’un des monuments les plus curieux de notre Touraine “, qui comporte des ElEments antErieurs au XIe siècle (trois chapelles absidales, une partie de la muraille de la grande nef, deux fenêtres à plein cintre…) et dont la rEalisation d’ensemble incomba à Thomas de Loches (1180), elle est à la mesure de la forteresse : ” l’un des plus beaux monuments de l’architecture romano-byzantine tertiaire “. Cette apothEose urbaine qui avait succEdE à des Epoques troublEes (invasions des Wisigoths, des Francs et des Normands), connut son point culminant en 1205, date du rattachement de la Touraine, donc de Loches, à la France. Quelques annEes auparavant, Richard Cour-de-Lion l’occupait encore et quelques dEcennies, plus tard (1261), le roi Louis IX, qui avait fait des dons à la collEgiale, passait par la citE avant de gagner Ligueil. Car la ville fut aimEe par tous nos souverains et Madame de BeautE, Agnès Sorel, maà®tresse et inspiratrice de Charles VII, y rEsida frEquemment. Cependant, nos rois ne se contentaient pas d’y faire Etape, d’y sEjourner ou d’y cueillir des plaisirs ; ils lui accordaient des privilèges, en particulier au chapitre de la collEgiale. Cette gEnErositE, jointe à celle des Lochois, pour des religieux qui enseignaient, soignaient et nourrissaient les pauvres (collège, hospice, maladrerie) eut, au XVIe siècle, des rEpercussions terribles : en 1560, les rEformEs s’emparèrent de la place et pendant les cent jours que dura leur occupation de la ville (2 avril-11 juillet), ils procEdèrent à un pillage systEmatique des lieux, sans, toutefois, verser une goutte de sang. En retour, les catholiques, courront ” sus aux religionnaires, pour les tuer comme des chiens enragEs “. Par contre, ” les horreurs de la REvolution se firent peu sentir dans la ville de Loches “, même s’il y eut au château de nombreux dEtenus, dont la liste se trouvait tracEe au couteau sur une pierre dans un escalier de la sous-prEfecture de la ville…© Micberth