L’étude de la reconstruction des campagnes limousines pendant la guerre de Cent Ans et jusqu’au XVIe siècle permet d’analyser le cas original d’un ” povre pays” (Froissart) en proie à des difficultés particulières pour remettre en culture ses terres ” abses “. On est loin ici des traditionnelles reconstructions triomphantes des ” bons pays” du XVe siècle. Victimes d’un environnement naturel hostile, de l’imbroglio des guerres – de la guerre ” anglaise” à la ” guerre au village” – et des ” malheurs des temps”, les campagnes limousines souffrent du manque d’ambition et de capitaux des élites régionales – livres de raison et registres de notaires ruraux en font foi – d’une surprenante faiblesse démographique et de la fuite d’une partie de leurs paysans vers des horizons meilleurs. Si bien que les tentatives de reconstruction, cahotiques et velléitaires, n’aboutissent – malgré certains efforts des communautés paysannes et les sacrifices seigneuriaux – qu’à des résultats sélectifs et limités, ” croissant infertile” de l’est abandonné au profit des ” fleurs de pays” de l’ouest et du sud. A tant de reconstructions réussies, le Limousin oppose l’originalité d’une reconstruction rurale en partie manquée.