LA VIE AMOUREUSE DE MADAME DE POMPADOUR

TINAYRE, M.

22,00

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Quand le roi Louis XV courait le cerf dans la forêt de Sénart, les châtelains des environs et même de simples bourgeois, obtenaient la permission de suivre la chasse. Ils arrivaient, les uns en voiture, les autres à cheval, foule composite et bariolée que l’événement mettait en joie, et qui, tenue à bonne distance par l’étiquette, admirait l’éblouissant spectacle. Au carrefour désigné, dans le somptueux décor des hêtres et des chênes où l’automne suspendait ses tapisseries ardentes, le capitaine des chasses était à son poste, entouré de ses piqueurs et de ses sonneurs de trompe. Les chevaux, tenus par des valets, attendaient leurs cavaliers, et leurs piaffements se mêlaient aux aboiements de ces grands chiens blancs et roux qui formaient la meute royale et qu’on voit, dans les tableaux d’Oudry, souples et féroces, coiffant le sanglier vaincu. Par une avenue forestière où les flèches du soleil criblaient l’atmosphère bleuâtre et molle, s’avançaient les carrosses de la cour chargés de dames et de gentilshommes. Le Roi et ses invités, en habit bleu, le couteau à la ceinture, le tricorne d’aplomb sur les cheveux poudrés, montaient à cheval. Les carrosses s’écartaient. Droit sur sa selle, plein de grâce et de dignité, Louis XV passait devant les voitures et les cavaliers, salué avec amour par les femmes qui avaient, toutes, pour le Roi de France, les yeux de Mme de Châteauroux. Ces dames de la robe et de la finance, qui jamais ne seraient admises parmi les chasseresses titrées, épiaient le regard du souverain et cherchaient aussi, avec une curiosité jalouse, la favorite qu’elles détestaient. Le beau visage du Roi, encore jeune, à peine marqué par l’ennui du pouvoir et les fatigues du plaisir, ne trahissait aucun sentiment. C’était un masque impassible, aux traits nobles, à la bouche dédaigneuse, aux grands yeux noirs sans éclair… Dans cette esquisse au pastel, ce qui revit c’est la bourgeoise de Paris, la maîtresse et l’amie du Roi, vue, non pas dans son rôle politique, mais dans son intimité d’amoureuse : une Pompadour jolie, artiste, fragile, qui meurt avec un sourire désenchanté.

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