JEAN LOUIS RATUIT DE SOUCHES, UN NOBLE FRANCAIS AU SERVICE DES HABSBOURG

KLAPKA, P.

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La société nobiliaire des pays de la Couronne de Bohême connut à  compter de 1620 et jusqu’au milieu du XVIIe siècle de considérables transformations. La modification radicale de sa structure fut en partie liée à  l’arrivée des nouvelles familles dont la majorité appartenaient à  la noblesse germanophone. Or, ces lignées ne furent pas les seules à  chercher la carrière ou la fortune au service de l’Empereur. Nous y vîmes également de nombreux Espagnols, Irlandais et Ecossais, des nobles originaires des Pays-Bas espagnols ou encore des lignages francophones. Ces derniers provenaient d’une large zone géographique comprenant la Bourgogne, la Provence, l’Artois, le Hainaut français dont la ville de Cambrai, la Lorraine pour en terminer par la Savoie. En effet, ce genre du phénomène migratoire eut des contours assez étendus et se limiter aux seuls Français impliquerait de ne pas prendre en considération le fait que la langue et la culture comptaient davantage que l’origine. Mais il n’existe aucune synthèse ni d’étude analytique sur cette forme de migration dont bien des aspects restent encore négligés et tout simplement à  étudier. L’objectif du présent travail fut de présenter un destin particulier d’un noble établi dans les pays tchèques – dans le Margraviat de Moravie en l’occurrence – celui de Jean Louis Ratuit de Souches (1608-1682). Contemporain des grandes personnalités militaires de l’époque, telles que le Grand Condé, Raimondo Montecuccoli, Gustave-Adolphe ou encore Turenne, connues davantage, Jean Louis Ratuit de Souches accomplit, lui aussi, des exploits dignes d’être relatés. Né à  La Rochelle, dans un milieu de la petite noblesse huguenote, il sut bâtir sa carrière au service des Habsbourg. Soldat, il se battit successivement pour défendre la cause du protestantisme, d’abord à  La Rochelle, sa ville natale, contre les troupes de Louis XIII, ensuite dans l’armée suédoise contre les impériaux. Plus tard, il devint général de Ferdinand III, puis de Léopold Ier, en se servant de ses connaissances de la tactique adverse pour lutter contre les Suédois et les Français. Parti d’un milieu modeste, il finit par être reconnu comme un des plus grands chefs militaires de l’époque et accumula une fortune considérable ce qui lui valut les éloges des uns mais également les critiques et les réactions de jalousie exacerbées, aussi bien dans l’armée qu’à  la cour viennoise.Afin de réussir son intégration dans le nouveau milieu, Jean Louis Ratuit de Souches se convertit et pour prouver la profondeur de sa foi, il alla même jusqu’à  la fondation d’un lieu de pèlerinage sur ses domaines moraves. Contrairement à  beaucoup de ses compatriotes, il laissa des traces durables dans l’histoire du pays et sa légende continua à  vivre même après sa mort : un nombre de contes, Å“uvres d’art et monuments de tout genre allant jusqu’aux fêtes commémoratives en témoignent suffisamment. Pourtant, aujourd’hui encore, une partie non négligeable des épisodes de sa vie privée et publique reste ignorée.Au cours de nos recherches, nous avons également élaboré un catalogue de fiches biographiques et bibliographiques portant sur les familles francophones installées dans les pays de la Couronne de Bohême dans les années 1618-1740.

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