1920. Certaines localitEs semblent vouEes à un destin exceptionnel : cela tient sans doute, en partie à la configuration de leur site ou aux irruptions de l’histoire qui peuvent forger une mentalitE collective hors du commun. C’est ce qui apparaà®t dans le passE de Gallargues-le-Montueux, dont les habitants firent preuve de courage et d’indEpendance, en maintes occasions. Issu de la villa gallo-romaine d’un officier de Tibère, Quintus Statius Gallus, qui devint, en raison de l’afflux de riverains d’Ambrussum, une vEritable bourgade, au moment des invasions des Visigoths, le village de Gallargues, enfantE ainsi dans la douleur, devint, autour de l’an mille, une grosse ferme seigneuriale, la Villa Galazanicus, dont le maà®tre, au XIe siècle, s’appelait Rostaing, ami des hommes d’Eglise et fondateur de l’abbaye de Saint-Martin. La foi Etait grande dans le pays et des chapelles surgissaient partout, tandis que l’abbaye devenait un formidable corps monastique. Le village fut fortifiE assez tôt (le Fort Viel et le Fort Neuf), mais cette châtellenie ne fut, pendant plusieurs siècles, qu’un objet de nEgoces pour ses seigneurs (Antoine du Caà¯la ou Bertrand de Gange) sans dynastie suivie. Il faudra attendre le XVIe siècle pour que la petite citE, dure à la tâche, administrEe par des consuls et EcrasEe d’impôts, ne rEvèle sa vEritable singularitE. En effet, la REforme ne fut pas seulement pour elle un renouveau spirituel, mais aussi une rEvolte contre l’ordre (catholique) Etabli – Gallargues Etait, d’ailleurs, irrEgulièrement desservi – et un Elan populaire enthousiaste dont l’âme fut BarthElemy de Mandagoà»t, vEritable maà®tre des lieux. L’engagement des Gallarguois aux côtEs des huguenots se rEvEla total : un pasteur leur fut envoyE de Genève, les consuls refusèrent de payer la dà®me au chapitre de Nà®mes pendant près de trente ans et un temple fut construit en 1611. Les rEvoltes se succEdèrent intra-muros et en 1621 l’Eglise fut dEtruite. En 1628, le duc de Montmorency parvint à s’emparer de la ville au terme d’un siège Epique : la capitulation fut glorieuse, mais les rEpressions terribles. Pourtant, en 1653, le Conseil de la ville n’avait toujours pas payE la somme due au diocèse de Nà®mes. Et après la REvocation de l’Edit de Nantes (1685), suivie d’une ” conversion collective “, les Gallarguois continuèrent à courir les assemblEes (protestantes) des environs, risquant les galères, tandis que le camisard Cavalier dEfiait (et dEfaisait) les troupes royales à la tête de ses hommes. L’EgalitE des cultes ne s’Etablit (lentement) qu’après la REvolution : et au XIXe siècle, il y avait à Gallargues, deux instituteurs communaux protestants et un catholique. Les temps avaient changE ; mais, au fil des siècles, malgrE ce bruit et cette fureur, le travail paisible des hommes avait continuE : les industries (de la laine), le commerce (du tissu), la culture de la vigne et des olives.© Micberth