L’essentiel des comptes du receveur et trEsorier gEnEral de Bretagne du XVe siècle est perdu. Des copies partielles ont parfois EtE faites de ces comptes au XVIIe siècle, dans le grand mouvement de compilation d’archives qui anima cette Epoque, dont la figure la plus connue est celle de Gaignières. Une très faible partie de ces copies fut ensuite publiEe par les grands historiens de la Bretagne, Dom Morice et Dom Lobineau, qui n’ont insErE que moins de 20 % des sources dont ils disposaient dans leurs volumes de Preuves. Trois cents ans plus tard, il Etait temps de complEter cette publication, de la corriger, et de l’enrichir parfois d’autres sources jusque-là inEdites qui permettent de proposer enfin à la lecture la version la plus complète possible des comptes des trEsoriers gEnEraux pour la pEriode 1420-1433. Cette pEriode est l’une des plus mouvementEes de l’Histoire bretonne attentat de Chantoceaux contre le duc de Bretagne en 1420, REformation des Fouages de 1426, sièges de Saint-James de Beuvron et de Pontorson, c’est le paroxysme de la Guerre de Cent Ans, o๠la politique habile du duc Jean V et de son chancelier Jehan de Malestroit fait merveille. C’est aussi le moment o๠la construction de l’administration de l’Etat breton atteint le plus grand degrE de sophistication, digne de l’ambition de souverainetE affichEe par l’autoritE ducale. Une chancellerie efficace, une hiErarchie comptable et financière de plus en plus ElaborEe, des courtisans domestiquEs, une armEe dEsormais ancrEe dans le peuple, dotEe d’une artillerie moderne et engagEe dans la professionnalisation, font de cette pEriode le temps crucial de l’ambition bretonne, que les comptes traduisent avec prEcision. Outre des quantitEs d’anecdotes, on y trouve des listes de combattants et de serviteurs du duc, de chevaliers et d’Ecuyers, d’officiers centraux ou locaux, une source exceptionnelle enfin disponible au grand public.