1944. Louis-Ferdinand CEline, poète apocalyptique des grandes citEs et prEfacier de cet ouvrage, fut, pour le moins, un adepte enthousiaste des travaux d’Albert Serouille consacrEs à Bezons, sinon leur inspirateur. Rien d’Etonnant à cela : l’auteur du Voyage Etait nE à Courbevoie, à la fin du XIXe siècle, il avait vu les alentours de Paris se transformer et il n’hEsitait pas à affirmer que la banlieue parisienne, » abrutie d’usines, gavEe d’Epandages, dEpecEe, en loques (…) n’est plus qu’une terre sans âme « . Comment le livre Ecrit par le bibliothEcaire de Bezons, retour vers les origines, exhumation d’un passE trop souvent ignorE, ne l’aurait-il pas ravi ? » M. Serouille nous fait palpiter Bezons, Ecrit-il, mieux que poète, sans travestir, sans redonder, tout en probe historique passion. » Rien de plus juste : Albert Serouille ne veut pas lEguer aux Bezonnais un couplet nostalgique, EtayE d’anecdotes et de rEfErences esthEtiques, il est prEcis, rigoureux, mEthodique. Aussi commence-t-il Bezons à travers les âges par un relevE topographique scrupuleux (ville situEe sur la rive droite de la Seine, superficie d’environ 400 hectares, sol tantôt siliceux tantôt calcaire, au tout dEbut, tout n’Etait que forêt…) ; il Evoque ensuite les origines du village, la fibule en bronze dEcouverte dans une nEcropole du dEbut de l’ère mErovingienne, la mystErieuse pièce Vesonno Vico, les envahisseurs Normands que Charles le Gros essaie d’acheter en vain (7 000 livres en argent) et l’un des premiers seigneurs, Petrus de Bezons (1186). » Toute l’histoire de la France passe par Bezons ! « , s’exclame CEline. On ne peut que lui donner raison : on constate, en effet, que les guerres de religion n’Epargnent pas le village (les Filles Dieu qui possEdaient une ferme sont obligEes de l’aliEner, le 9 mars 1578), on dEcouvre qu’Henri IV sEjournait frEquemment avec la belle Gabrielle dans un pavillon de chasse, près du château et on apprend que la famille Bazin de Bezons joua un rôle très important dans le destin de la France : Claude Ier Bazin fut conseiller du roi et trEsorier de France, Claude II Etait membre de l’AcadEmie française, quant à Jacques Bazin, comte de Bezons, il fut nommE marEchal de France en 1709 et ses descendants furent, eux aussi, des personnages prestigieux. Ajoutons que la foire de Bezons Etait si cElèbre à Paris et en Ile-de-France qu’on y venait de partout et que Saint-Simon l’Evoque dans ses MEmoires. NapolEon fut le premier à franchir le pont de Bezons nouvellement construit, en 1811, et son neveu, NapolEon III, traversait souvent le village, assis dans une calèche près de l’impEratrice EugEnie, quand il allait chasser à Maisons-Laffitte. Mais ces quelques exemples du lustre qu’acquit Bezons au fil des siècles ne doivent pas faire oublier le passE du village lui-même, EvoquE en dEtail par Albert Serouille, avec sa vie au quotidien, son Eglise, ses chapelles et son château, des lieux charmants comme L’Ile Adam et L’Ile du Moulin Joli, l’Instruction publique, l’agriculture et l’industrie. Rien n’est insignifiant. » L’histoire, conclut CEline, est le seuil de la quatrième dimension « .© Micberth