ASCAIN. HISTOIRE BASQUE

ROLAND MOREAU

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1977. Rien de plus aisEment explicable que le coup de foudre ressenti par Pierre Loti pour le site et le village d’Ascain, dès sa première visite (en 1891), car ces lieux superbes conjuguent deux aspirations qu’il avait, chevillEes à  l’âme, depuis toujours : le goà»t du voyage (l’ocEan et la montagne sont tout proches) et la volontE d’enracinement. Ces deux dEsirs, gEnEralement contradictoires, il les retrouve partout, dans ce terroir basque que lui fait visiter son ami OtharrE,  » dans les marchEs, dans les foires, dans les trinquets, dans les parties de pelote et même, à  la nuit noire, dans les expEditions de contrebande « . On aime la vie à  Ascain, on y cultive les traditions (fandangos et arin-arin endiablEs les soirs de fêtes sportives…), on se rallie autour de la langue basque (l’Eskual-Herria ne veut pas mourir !), on contemple du haut de la Rhune (900 m) la côte Atlantique, la vallEe du Labourd ou le versant espagnol, mais toute cette Energie intense nous entraà®ne souvent vers des ailleurs. L’histoire du village elle-même invite à  voyager : dans le temps d’abord, avec les cromlechs (datant de l’âge de fer), le  » pont romain  » (sans doute du XVIe siècle, comme le manoir d’Ascoubea), les bateaux qui rappellent cette Epoque (au XVIIe siècle) o๠la flotte de pêche de Saint-Jean-de-Luz occupait 3 000 marins, dont un grand nombre d’Ascain, ou encore la rivière, l’impEtueuse Nivelle, dont le port, Portua, fut, pendant des siècles, le centre le plus actif de la commune. Même la contrebande, dite traditionnelle, s’est rEvElEe une aventure permanente. Et que dire des chantiers de construction navale du Labourd, et d’Ascain en particulier, o๠les ouvriers sont les habitants du village, o๠le chanvre nEcessaire au cordage vient du Nord, o๠les matières rEsineuses proviennent des forêts landaises et o๠le bois arrive des PyrEnEes par la Nive, le gave d’Oloron, l’Adour et la Nivelle ? L’histoire de la citE est, elle aussi, à  l’image de ce mouvement perpEtuel entre la conservation de ce qui est et la nEcessitE de bouger et de s’exposer. Les seigneurs des maisons nobles (MonsEgur, Urmendi…) avaient gagnE leurs titres, les armes à  la main, Mgr de Sossiondo, Evêque de Bayonne, propriEtaire du manoir d’Ascoubea, organisa une dEfense Energique contre les  » hErEtiques de Basse-Navarre  » (1571), nombreux furent les Azkaindars capturEs sur les mers par les brigantins des barbaresques ; quant au rôle jouE par le village dans les rEvolutions espagnoles des XIXe et XXe siècles (1833-1840, 1872-1876, 1936-1939), il fut considErable : Ascain servit d’asile à  nombre d’exilEs et le curE Santa Cruz, aumônier et guerillero, lança des coups de main à  partir de son domaine de Serres. Près d’un siècle plus tard, de 1940 à  1945, Ascain Etait un lieu de passage clandestin très actif vers l’Espagne. L’histoire d’Ascain a ressemblE, de tout temps, à  un roman.© Micberth

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Année de parution

2002