1921. Il y a mille et une manières de raconter l’histoire : l’abbE Lallement, ancien curE de Moiremont et amoureux du passE, en a choisi une, quotidienne et festive, qui est l’expression même de l’âme populaire argonnaise : c’est la restitution du folklore, sous toutes ses formes, de l’arrondissement de Sainte-MEnehould. Bien loin des EvEnements retentissants qui ont jalonnE, nous dit-on, le destin de l’humanitE, ce prêtre, qui avait EtE arrachE à son apostolat et à ces Etudes d’ethnographe pour remplir son devoir de patriote pendant la Grande Guerre, privilEgie ici, belle rEplique à ce cataclysme qui ensanglanta le monde, la poEsie de la vie de tous les jours, avec ses coutumes, ses lEgendes et ses traditions, ses jeux et ses fêtes, ses rondes et ses chansons, ses proverbes et ses dictons (…) et surtout, peut-être, ses veillEes, qui pendant des siècles, au cœur de l’Argonne comme ailleurs, rythmèrent des journEes de dur labeur. Ces moments de chaleur et de plaisir, vEcus au sein de la famille, de la Toussaint à la Semaine sainte, dans les villages, hameaux et lieux-dits des cantons de Sainte-MEnehould, de Ville-sur-Tourbe et de Dommartin-sur-Yèvre, Etaient EmaillEs d’Enigmes et de charades, d’amusements divers (Le petit corbillon, Plomb plomb, La petite pierrette, Le dE d’argent…), de reprise des gages (Le baiser de la religieuse), de bons mots et de facEties (Qu’est-ce que la guerre ? Tu m’tues, j’te r’tue.), de contes de fEes et de contes rustiques (La femme de Hans, L’âne qui a bu la lune, Le curE d’Argonne…). Mais il y avait aussi les fontaines sacrEes (fontaines Saint-MEen, Notre-Dame-des-Marais, de Côte-à -Vignes), les pèlerinages à Saint-PantalEon, Saint-Blaise, Notre-Dame-de-PitiE (…) ; les pratiques religieuses (prières rustiques et enfantines, lettres miraculeuses et prières cElestes) et les croyances superstitieuses (puce en main, nouvelle en chemin, annEe de comète, annEe de bon vin…) ; les chants et les rEcits traditionnels, les jeux et les rondes d’autrefois… Tout un univers, dont le souvenir, selon l’abbE Lallement, ne devait pas mourir. © Micberth