FRANCOIS GUILLEMOT DE LA VILLEBIOT, AIDE DE CAMP DU TSAR
François Guillemot de La Villebiot, aide de camp du Tsar
Pierre 1er de Russie, dit Pierre Le Grand, souhaita, en 1717, se rendre en France alors qu’il se trouvait à Amsterdam. Le Régent, Philippe d’Orléans, averti de ce vœu par son ambassadeur à La Haye, l’accueillera avec tous les égards dus à son rang, mais sans trop de cérémonial, pour respecter les volontés de ce dernier, devenu toutefois un monarque important. Celui-ci avait vaincu les Suédois et acquis une place maritime sur la Baltique, ce qui manquait à la Russie avec qui il fallait désormais compter. Pierre I proposa tout de go de s’allier à la France en lieu et place de la Suède au motif que celle-ci était « quasi anéantie » et de lui faire bénéficier de ses relations privilégiées avec la Prusse. De cette visite naîtra un traité tripartite signé à Amsterdam le 19 août 1717, au bas duquel figureront pour la première fois les signatures de la France et de la Russie.
Ce Tsar de grande taille, très brun, à l’allure un peu farouche, mélancolique et distrait, accessible et souvent familier (après avoir entendu, sans le comprendre, le jeune Louis XV, âgé de 7 ans, venu le voir pour lui réciter un compliment le lendemain de son arrivée à Versailles, le 11 mai 1717, il l’embrassa sur les deux joues, au grand étonnement des courtisans), avait l’esprit vif et curieux, avec de l’aisance « et une grandeur dans les manières », selon Monsieur de Liboy, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi. Pierre Le Grand suscita l’intérêt et la sympathie des Parisiens qui l’acclamèrent Place Royale (aujourd’hui Place des Vosges). D’une grande simplicité, peu soucieux de son apparence selon les témoignages des personnages qui l’on rencontré, il était peu sensible aux « choses de pur goût et d’agrément… Mais tout ce qui avait un objet d’utilité, trait à la marine, au commerce, aux arts, aux arts nécessaires, excitait sa curiosité, fixait son attention, et faisait admirer la sagacité d’un esprit étendu, juste, et aussi prompt à s’instruire qu’avide de savoir » (extrait des Mémoires secrets de Duclos).
Ce grand monarque singulier, fondateur de Saint-Pétersbourg avait déjà voyagé en Europe, quasi incognito, mais lorsqu’il avait exprimé son désir de se rendre à Versailles, il y avait de cela vingt ans, Louis XIV n’avait pas voulu s’embarrasser de la visite d’un roi d’un pays inconnu et réputé barbare, ce qui l’avait mortifié. Mais, s’il n’avait pu rencontrer le Roi Soleil, il ne manqua pas de rencontrer des hommes réputés pour l’excellence de leur art ou leurs qualités personnelles, à qui il proposa de le suivre en Russie pour moderniser et occidentaliser le pays.
Parmi les volontaires, se trouva un jeune marin breton, François Guillemot de La Villebiot, qui allait devenir son aide de camp, puis le gouverneur du port militaire de Kronstadt et chef d’escadre dans la flotte russe de la Baltique. Il acheva sa carrière en 1743 comme vice-amiral de la marine impériale. Ses deux fils, Daniel et Alexandre, dont les descendants se sont définitivement fixés en Russie et en Estonie, firent eux aussi des carrières brillantes dans les armées russes. Né à Guérande en 1680, celui-ci descendait d’une famille bretonne et noble d’ancienne extraction, maintenue au conseil en 1672, citée dans les réformations et montres de 1441 à 1535, au titre des nobles de Plouha, paroisse qui connaissait la plus forte densité nobiliaire de l’évêché de Saint-Brieuc au XVIIe et XVIIIe siècle. Il décéda en 1760 à Tartu, la plus ancienne ville des pays baltes, située aujourd’hui en Estonie du Sud, à 187 kilomètres de Tallin. Les Guillemot de La Villebiot, toujours représentés, avec au moins quatre porteurs du nom de sexe masculin, blasonnent « d’azur au lion couronné d’or accompagné de trois molettes d’éperon du même, 2 et 1 ».