1923. L’abbE Tournier ne le cache pas : il est profondEment attachE à Saint-Rambert-en-Bugey, o๠il a exercE son sacerdoce et oà¹, rappelle-t-il, Lamartine (en 1803) a admirE » la blanche Ecume de l’Albarine, de cette rivière qui semble jouer avec le passant « . C’est donc avec passion qu’il retrace l’histoire de la citE, dès ses origines (lieu de passage à l’Epoque prEhistorique et vicus d’une grande importance stratEgique pendant la pEriode gallo-romaine), mais ce qui l’intEresse plus particulièrement, c’est le XVIIe et le XVIIIe siècles (avant 89), qu’il considère comme le moment le plus achevE de l’âge moderne, pour ce qui concerne la vie municipale, religieuse, sociale et intellectuelle. Certes, il ne nEglige pas pour autant le destin historique de Saint-Rambert dans son ensemble – son ouvrage s’achève sur » les merveilles de l’industrie dans la vallEe de l’Albarine » – et il consacre plusieurs dizaines de pages aux nombreuses pEripEties antErieures à cette Epoque » d’harmonie » qui a ses prEfErences : au vicus dEvastE par les Germains au IVe siècle, à l’installation dans la rEgion des Burgondes, au siècle suivant, à la fondation du christianisme avec saint Domitien qui appelle le pays Bebronne, à la crEation de l’abbaye qui sera de plus en plus prospère, au fil du temps, malgrE les faits de guerre et à la naissance de Saint-Rambert-du-Joux qui deviendra Saint-Rambert-en-Bugey ; mais la partie essentielle du livre commence quand Saint-Rambert, au dEbut du XVIIe siècle, ville fortifiEe, a le titre de seconde citE du Bugey (avant Nantua et après Belley). L’autonomie de la paroisse est consacrEe en 1689 et le desservant a alors le titre de curE. La ville a un moulin banal et un four qui dEpend de l’abbaye, deux fontaines, des maisons pourvues d’un banc devant la porte et une voiture publique (route de Belley à Lyon) qui passe une fois par semaine. Les hôtels sont moins nombreux que les cabarets dans lesquels on savoure les meilleurs vins du pays, les mEdecins sont concurrencEs par les chirurgiens et les rhabilleurs, les marchands et les boutiquiers (vente au dEtail) occupent une place importante, quant aux toiliers et aux tisseurs, ils forment une corporation importante. Les » bouchiers » n’ont aucun souci de l’hygiène, mais les fêtes et les banquets donnEs par la municipalitE (le jour de l’Octave de la Fête-Dieu) sont somptueux. Toutefois, ce dynamisme et cette prospEritE, qui s’accompagnent d’une vie religieuse intense, sont lourdement grevEs par le service des Etapes et les passages de troupes. En dEpit de ces inconvEnients, sous l’autoritE du maire et des syndics, règnent » l’urbanitE des rapports, la douceur des habitudes, une fraternitE sincère » dans cette ville originale et pittoresque. Au collège de Saint-Rambert (1607-1789), on enseigne les langues latines et françaises et une partie des humanitEs ; l’Etablissement vit surtout des revenus assurEs par les biens de son fondateur, Pierre Guichard, mais le personnel de direction et d’enseignement est très instable au XVIIIe siècle (maà®tres âpres au gain, fugueurs, parfois irascibles…), les abbEs Perrod et Juvanon Etant, eux, des pEdagogues d’exception. Pour ce qui est de l’hôpital, dont l’origine Etait très ancienne, après avoir servi de refuge à des vagabonds et connu une existence prEcaire, il est confirmE comme Etablissement public par des lettres patentes de Louis XV, en mars 1737.© Micberth